Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CANNIBALE PELUCHE
22 mars 2013

VENUS IN FURS Jeudi 11 avril 20h30 - Cinéma Le Studio au Havre

VENUS IN FURS
Un film de Jess Franco [GB - ÉU - RFA - IT - 1969]

Jeudi 11 avril 20h30 - Cinéma Le Studio au Havre (à 5 mn de la gare). Tarif unique 5 €

Après L'Horrible docteur Orlof (1961) et Vampyros Lesbos (1970), respectivement programmés en 2007 et 2008, Cannibale Peluche poursuit son travail de redécouverte de la filmographie labyrinthique et inépuisable de Jesús Franco, lequel vient, à bientôt 83 ans, d'achever son 199e film (à un ou deux titres près).

 Jess Franco, les voyages intérieurs et fantasmatiques

 Réalisateur de seconde équipe sur Falstaff puis assistant sur le Don Quichotte d'Orson Welles, dont il livrera un montage en 1992, Jesús Franco Manera tourne son premier long métrage en 1959   mais ne pose réellement les bases de son univers qu'en 1961 avec L'Horrible docteur Orlof, oeuvre matricielle de sa filmographie à venir. Thématiquement et esthétiquement, le cinéaste y affirme son goût du cinéma et de la littérature populaires, du jazz comme principe directeur de la bande-son de ses films et plus profondément de leur structure même, de l'héritage expressionniste, des cabarets et autres établissements de spectacles dont les scènes deviennent le lieu privilégié de voyages intérieurs et fantasmatiques. Son inclination jamais démentie pour le décalage iconoclaste, l'étrangeté, l'exploration des perversions et le sadisme achèvent de faire de cet Orlof inaugural le premier film fantastique espagnol d'importance.

 Commence dès lors une carrière de plus en plus échevelée au fil des ans qui le voit tourner aux quatre coins du monde, se frottant indifféremment aux adaptations littéraires (Jules Verne, Bram Stoker, Sax Rohmer, Sade – son auteur fétiche) comme aux genres les plus tapageurs du cinéma d'exploitation (films de cannibales, de nonnes, de prison de femmes, érotisme puis pornographie).

 Figure mythique des salles de quartiers, artiste fiévreux aux innombrables pseudonymes, homme de culture ne rechignant ni à la farce ni au trivial, stakhanoviste subvertissant les genres par ses expérimentations, ses hantises et sa fascination pour ses égéries, obsédé sexuel revendiqué, Jesús Franco alias Jess Franco demeure l'un des cinéastes contemporains les plus singuliers et les plus méconnus.

 La Cinémathèque française lui consacrera en 2008, sous l'égide de son Directeur de programmation Jean-François Rauger, une copieuse rétrospective portant malicieusement sur 69 films sélectionnés au sein d'un corpus démentiel.

 Venus in Furs

Venus in Furs, qui n'entretient qu'un lien superficiel, imposé par la production, avec la fameuse Vénus à la fourrure de Leopold von Sacher-Masoch, est principalement pour Jess Franco l'occasion d'explorer des états obsessionnels, des situations hallucinatoires, de distorsion de la réalité par le fantasme. Le film trouve son origine dans une conversation entre le cinéaste et le trompettiste Chet Baker: « Quand vous jouez, c'est magnifique de fermer les yeux et de commencer à improviser, et au fil du temps, de voir votre vie, fragments par fragments, de se voir transporter dans un monde irréel... et quand le solo s'achève, deux minutes ont passé, vous regardez les visages des spectateurs, et ils n'ont pas changé depuis que vous avez fermé les yeux – mais vous êtes parti et revenu[1]. »

 Les quelques notes jouées par Jimmy avec la trompette qu'il vient de trouver enfouie dans le sable d'une plage d'Istanbul sont donc la condition suffisante pour ramener sur le rivage le cadavre meurtri de Wanda, blonde mystérieuse qui n'aura de cesse de le hanter. Est-elle la manifestation de la culpablité du jazzman qui n'aura su la sauver des sévices infligés une nuit par un trio de libertins ? N'est-elle qu'illusion surgissant dans toute sa radieuse beauté lorsqu'il joue de l'instrument ? Ou est-elle a contrario bien réelle, si réelle, puisque il s'abandonne régulièrement aux étreintes de cet incandescent fantôme de chair au prix de son union avec la chanteuse Rita ?

 Rythmé par une bande-son composite mêlant jazz, rhythm and blues, easy listening à l'italienne, sonorités oniriques et voluptueuses... le récit diffracté, éclaté, de Venus in Furs procède de l'enchâssement de plusieurs strates (réalité, souvenirs, fantasmes) et blocs narratifs traduisant tant la fuite du personnage masculin hors du réel que le caractère insaisissable de Wanda, centre magnétique de scènes quasi autonomes. Dans la lignée de Succubus [Necronomicon] (1968), loué par Fritz Lang pour sa beauté, et qui déjà mêlait esthétique pop, surréalisme et érotisme, Franco laisse libre cours à ses visions empruntant aux films de fantômes, de vengeance ou à la sexploitation pour tracer les circonvolutions d'un voyage mental unique, troublant et séduisant à l'extrême, et dont nombre d'éléments évoquent avant l'heure les fugues sensuelles et cauchemardesques de David Lynch.

 Bénéfice d'une coproduction internationale, la distribution n'est pas l'atout le moins déconcertant du film qui réunit James Darren (Les Canons de Navarone, la série Au coeur du temps), Maria Rohm (L'Amour dans les prisons des femmes, Les Inassouvies), la chanteuse et comédienne Barbara McNair (Appelez-moi Monsieur Tibbs !, L'Organisation), Dennis Price (Noblesse oblige, Vampyros Lesbos), Margaret Lee (Le Tigre sort sans sa mère, Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?) et un Klaus Kinski au regard plus halluciné que jamais.

 Séance en présence d'Alain Petit

 La séance unique du jeudi 11 avril aura lieu en présence d'Alain Petit, grand nom du fanzinat et  rédacteur-éditeur des Manacoa Files (six volumes parus entre 1994 et 1995), monumentale étude pionnière sur Jess Franco. Outre qu'il fut par ailleurs un proche collaborateur (scénariste, acteur) de Franco, Alain Petit est également l'auteur de 20 ans de western européen (Éditions de la Méduse, 1980) et l'intervenant privilégié des suppléments des DVD édités par Artus Films. On le retrouve ainsi parmi les témoins et acteurs réunis dans les bonus de la récente édition du premier slasher français, Ogrof – Mad Mutilator (1983) deNorbert Moutier, dans lequel son personnage connaît une fin aussi atroce que cocasse. 

 Première partie

Film précédé de quatre courts métrages de Nicola Dulion / Shootartconceptor: Metamorfaces (2010), Old Friends (2012), Vignette sexuelle 01 (2005), Sur la plage (2010).

 VENUS IN FURS [PAROXISMUS] (GB., ÉU, All., Italie; 1969) de Jess Franco

82 mn / Vidéo / VOSTF
Séance unique en présence d'Alain Petit (fanéditeur et proche collaborateur de Jess Franco)
Jeudi 11 avril 2013 à 20h30 au Studio

Tarifs : 5 € / 2€ pour les adhérents de Cannibale Peluche

 https://www.facebook.com/pages/Cannibale-Peluche/173793562666597?ref=hl


[1]    Pete Tombs & Cathal Tohill, Immoral Tales - European Sex and Horror Movies, 1956-1984, New York, St. Martin's Griffin, 1995, p.101. Citation traduite in Stéphane du Mesnildot, Jess Franco – Énergies du fantasme, Pertuis, Rouge Profond, 2004, p.48.

Publicité
Publicité
Commentaires
CANNIBALE PELUCHE
  • Blog de l'association Cannibale Peluche. Toutes les informations sur les principales activités d'icelle : organisation et présentation de projections (cinéma de genre, alternatif, inclassable, animation), édition du Cannibale Fanzine...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
CANNIBALE PELUCHE
Publicité