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CANNIBALE PELUCHE
3 janvier 2011

HEROIC TRIO projetté au Studio au Havre le jeudi 27 janvier 2011

HEROIC TRIO – un film de Johnnie To et Ching Siu-tung (1993) avec Anita Mui, Maggie Cheung, Michelle Yeoh, Anthony Wong...
Jeudi 27 janvier 2011 à 20h30 au cinéma Le Studio
(3 rue du Général Sarrail / Le Havre) – 4,50 €

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HEROIC TRIO 

[The Heroic Trio]

Hongkong / 1991 / 84’/ vostf - Ré: Johnnie To & Ching Siu-tung - Sc: Sandy Shaw - Prod. & Chorégraphies: Ching Siu-tung

Avec: Anita Mui, Maggie Cheung, Michelle Yeoh, Anthony Wong, Yen Shi-kwan, Damian Lau...

Inédit en salle en France

Projection DVD

Hongkong. Peut-être. Époque: indéterminée. La ville succombe à la psychose d’une série d’enlèvements de nouveaux nés, tous de sexe masculin, perpétrés par une mystérieuse femme invisible (Michelle Yeoh). Sitôt que son inspecteur de mari cède à l’appel du devoir, Tung (Anita Mui) revêt son costume de Justicière volante et accourt en piquant des sprints sur les lignes à haute tension pour juguler la mâle hémorragie. Elle est bientôt rejointe dans sa lutte par une aventurière délurée (Maggie Cheung). Un passé commun scellera l’alliance des trois belles et les ramènera dans les profondeurs archaïques de la métropole rétro-futuriste, d’où un eunuque surpuissant projette la restauration de l’Empire chinois.

Heroic Trio, ainsi que sa suite Executioners tournée simultanément en 1991, ressortent des quelques tentatives d’hybridation entre tradition martiale et comic books ou manga ourdies par des savants fous hongkongais durant les années 90. S’il fut un échec commercial sans appel dans toute l’Asie, ce prototype irrémédiablement cintré participa

grandement, à l’instar de The Killer, de la trilogie Histoires de fantômes chinois, ou, dans un registre moins noble, de la bande d’exploitation Naked Killer de la fascination exercée par le cinéma local sur l’Occident avant de finir par être digérée par les blockbusters hollywoodiens à l’aube des années 2000.

Fruit capiteux des efforts de Johnnie To (The Mission, Election 1 & 2), avant qu’il ne soit intronisé styliste du polar chinois, et du réalisateur/chorégraphe Ching Siu-tung alors au faîte de sa gloire, Heroic Trio doit au premier un savoir-faire patent d’artisan rompu aux exigences budgétaires, logistiques et rythmiques d’un cinéma populaire zébré d’éclats ultra-violents et au second une conception aérienne, hyperbolique, des scènes de combat. Cette geste farfelue et cruelle de trois super-héroïnes liguées contre la résurgence d’un passé féodal convoque en ses péripéties baroques et glamour – pour ne pas dire discrètement homo-érotiques – des réminiscences de la vague des héroïnes masquées qui firent les beaux jours du cinéma cantonais de 1965 à 1968, tout autant que les exploits des dames d’épées des wu xia pian (films de sabre) d’antan et la frénésie dévastatrice des Girls with Guns, lesquelles auront animé savate haute quantité incalculable de séries B de l’ancienne colonie britannique à partir du milieu des années 80.

Au-delà d’un patrimoine filmique domestique qui aura toujours abordé la question des super-pouvoirs au prisme des arts martiaux, c’est bien évidemment les récents succès des Batman de Tim Burton et de Terminator 2 (voire de Blade Runner) que les auteurs ont en ligne de mire dans leur tentative d’acclimatation de chassés-croisés costumés teintés de science-fiction.

Au diapason d’une structure narrative multipliant les va-et-vient entre deux mondes antithétiques (modernité de la ville à la surface contre univers ancestral chtonien des contes et légendes), les deux cinéastes et leur scénariste Sandy Shaw recherchent avec gourmandise un hypothétique équilibre entre les genres, les tonalités (mélo sentimentaliste, comédie toute en expressivité, drame lacrymal), les emprunts, les souvenirs cinéphiles et les puissants réflexes culturels qui régissent le cinéma cantonais. Paradoxalement, ce goût du changement de registres incessant, jusque dans ses accès déviants – a priori – impensables dans le cadre d’un spectacle de divertissement à vocation rassembleuse, fait tout le prix d’une œuvre qui, livrée à des créateurs timorés, aurait pu n’aboutir qu’à un patchwork aussi indigeste que stérile.

D’aucuns ont vu dans le triumvirat de choc et de charme rassemblé dans Heroic Trio l’union symbolique de la Chine continentale, Hongkong et Taïwan coalisés face à une menace, il est également loisible de savourer le film comme une expérience de cinéma résolument «autre» au confluent d’inspirations asiatiques et occidentales et dont certaines formules infuseront, avec bien plus de «sagesse», les Matrix, X-Men et – surtout – Charlie’s Angels à venir de l’autre côté du Pacifique.

N.B.: Trop fou, trop déconcertant, trop libre quoiqu’outrancièrement commercial – et c’est là toute la beauté de ce cinéma – le film subira sans surprise une édulcoration entre les griffes des affreux frères Weinstein – grands tripatouilleurs cyniques du cinéma asiatique devant l’éternel - lors de sa sortie nord-américaine en DVD sous la bannière de Miramax.

Hyacinthe Cannibale

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